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"LES RENCONTRES DE LA PHOTOGRAPHIE D’ARLES " SONT EN PLEINE FORME !

Arles aura toujours pour moi un goût particulier. Voilà plus de 30 ans que j'y traîne mes yeux, toujours curieux de capter un moment particulier. Il peut seulement se nicher dans ma tête ou tout simplement être capturé par l'appareil photographique qui se trouve dans mes mains, me nourrissant  de cette lumière tranchante comme un couteau.

Cependant une autre raison m'attire vers cette ville, c'est son festival international unique (les Anciennes RIP - ou "Rencontres")  qui enrichit mon regard artistiquement et intellectuellement. Les expositions ont un double attrait, le plaisir et la découverte. J'ai vu défiler de nombreux auteurs, des vraies stars et des époques. Des découvertes stupéfiantes et une diversité hors du commun, car je pense que c'est le mot qui caractérise le plus "Les Rencontres de la Photographie ". Elles n'ont peur de rien, ni du contemporain, ni du classique, ni du risque, ni du faux pas et donc survivent à tout. Cette manifestation immense qui se visite au minimum en quatre jours (sans le off) est un champ qui ressemble à un jardin de curé, mélangeant utile et agréable, propice à la méditation et à la réflexion entouré d'une beauté utile à nos âmes.

Le regard des différents auteurs programmés est parfois éloigné de plus d'un siècle dans leurs façons de scruter le monde et l'on s'étonne encore de la magie de leurs visions. La photographie procure toujours autant d'émotions, de frustrations, de colère, d'émerveillement et tant d'autres sentiments. Cette année 2017 ne dérogera pas à la règle. Cette programmation est aussi la révélation de nouveaux lieux et une nouvelle façon de construire un parcours. La ville d'Arles est l'écrin architectural idéal pour loger expositions et installations. 

En témoigne "la maison des peintres" où est disposée l'installation de Roger Ballen - absolument étonnante où se révèle l'univers unique et dérangeant de cet artiste hors normes.

Mais cette année, il est fait aussi la part belle aux expositions collectives (Iran/Colombie/latino américain). Je dirais que celle qui s'en "tire" le mieux est celle de l'Iran (Eglise Sainte-Anne). Sa mise en scène, son époque ciblée, son humanité est une vraie ouverture vers un monde et un peuple d'un courage étonnant.

Le plus gros choc a été Paz Errazuriz ! (Atelier de la Mécanique).  Cette Chilienne a construit une œuvre absolument époustouflante. Une photographe d'instinct et de courage qui nous fait détourner les yeux et revenir fasciné. Indispensable.

Révoltant, le sujet de Mathieu Asselin, (Magasin électrique) ni plus ni moins. Cette investigation sur Monsanto city est tout simplement décapante. La démonstration d'un génocide industriel sous les yeux clos de l'administration américaine. Démocratie et justice… où êtes-vous ? Un travail d'utilité publique même si la partie photographique ne m'a pas passionné.

Plutôt trouble l'œuvre du Suisse Rebelle Kahlheinz Weinberger (Magasin Electrique). Un homme à la recherche d'émotion forte et en même temps, a construit un ensemble plutôt cohérent d'un monde underground en Suisse ! Démontrant que toute société aussi lisse et riche qu'elle soit, reste heureusement humaine.

J'ai été aussi conquis par Michael Wolf (Eglise des Frères Prêcheurs). Un travail profondément photographique qui démontre la destruction à tous les niveaux de l'espace intime dans des villes tentaculaires. En totale opposition avec cette série magnifique des débuts en noir et blanc. La rencontre de la désolation entre deux extrêmes.

Il y a parfois des détours qui nous laissent bouche bée comme l'exposition de Alex Majoli - Saisissant, fort, violent, poignant… magnifique ! (pavillon Olympus/Palais de Luppé).

 

J'ai eu le plaisir encore une fois d'écouter Raymond Depardon et d'échanger quelques mots avec lui en toute simplicité. C'est aussi ça Arles.

   

Pour finir comment ne pas parler de l'expo Leibovitz (associé / fondation Luma)… inratable évidemment. Les trois quart de la société américaine des années 80 y sont. Série fabuleuse sur les Rolling Stones. Un bémol : l'accrochage "faux pauvres" très agaçant. Quelques beaux tirages bien placés n'auraient pas fait tache.

 

Il y a beaucoup d'autres artistes à découvrir et la liste serait trop longue pour ce seul article. Avant de nous quitter à souligner la réussite de "la nuit de l'année", sept écrans tournant sur des sujets très divers, un beau succès populaire et puis l'ouverture vers d'autres villes et notamment : Toulon, à laquelle ITINERAIRE GRAND SUD est très attaché ! Mathieu Pernot fait le lien entre ces deux sites avec Les Gorgan (Maison des peintres) et "Survivances" (Hôtel des Arts), une belle réussite et deux expositions superbes. Avant de partir allez vous régaler de l'architecture de l'abbaye de Montmajour et découvrez Audrey Tautou comme vous ne l'avez jamais vue !! Que la photographie soit avec vous !!!

 

Oddoart Philippe 2017

Itinéraire Grand Sud - Droits réservés (texte et photographies de cet article)

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